Gully QueensQuelle est la réalité des jeunes lesbiennes, gays, bi.e.s et trans’ jamaïcain.e.s dans un pays connu pour son intolérance à l’égard de l’homosexualité?

C’est le point de départ d’un reportage d’une vingtaine de minutes diffusé lundi 28 juillet via YouTube par le magazine VICE News, et intitulé Jeune et gay: les Gully Queens en Jamaïque, qui explore le quotidien des jeunes LGBT rejeté.e.s par leurs familles et condamnés à vivre dans les égouts de Kingstone ou plutôt le long d’un canal d’eaux usées qui traverse la capitale jamaïcaine – sur le modèle du reportage Jeune et gay dans la Russie de Poutine.

VICE News a voyagé à Kingston afin d’avoir un aperçu du difficile quotidien de la communauté LGBT en Jamaïque – un pays où le seul fait d’être homosexuel peut vous condamner à vivre sous terre.

En Jamaïque, les attaques, meurtres et viols à l’encontre des membres de la communauté LGBT sont récurrents et les responsables de ces crimes sont rarement conduits devant la justice.

Après avoir été rejetés par leur famille, de nombreux homosexuels du pays sont devenus sans-abris. Si certains ont trouvé refuge dans des squats et des immeubles abandonnés, d’autres ont élu domicile dans les égouts de Kingston – plus connus sous le nom de « gully ». La relative sécurité et l’esprit communautaire du lieu permettent à ces jeunes gays et transsexuels qui ne veulent pas ou ne réussissent pas à cacher leur homosexualité de garder espoir en l’avenir.

Parce qu’elles forment la communauté la plus visible au sein de la communauté LGBT jamaïcaine, les Gully Queens sont les plus discriminé.e.s des discriminé.e.s. Une loi issue de la colonisation britannique continue de punir par des peines allant jusqu’à 10 ans de prison la sodomie et les agressions ont explosé l’an passé, explique Vice News.

Interviewée par Yagg en début de semaine, Natalie Plummer a.k.a The Conquering Lion, chanteuse hip hop ouvertement lesbienne, installée à Paris partageait cette analyse sur l’homophobie et la transphobie dans son île d’origine: «D’où je viens, en Jamaïque, ils te tueraient s’ils savaient que tu étais homo parce que les gens ont peur et sont ignorants».

Mais la situation est peut-être en train d’évoluer. Lors de la campagne législative de 2011, l’actuelle Première ministre jamaïcaine, Portia Simpson-Miller, a été la première candidate à s’exprimer en faveur des droits des LGBT, une position controversée dans les Caraïbes, et a promis d’abroger la loi anti-sodomie durant son mandat. Une promesse à l’heure actuelle repoussée aux calendes grecques, comme le relève Vice. En attendant, les Gully Queens s’organisent, se reconstruisent une famille et font face aux provocations de la police, dans un pays où l’enracinement culturel des LGBTphobies entache même la communauté LGBT dont une fraction, plus riche, n’accepte pas la trop grande visibilité des Gully Queens.