Maroc : condamnation de 1 à 3 ans pour homosexualité

maroc campagneArrêtés le mois dernier, les six accusés, dont l’identité n’a pas été précisée, étaient poursuivis pour « homosexualité », « incitation à la prostitution » mais aussi « ivresse sur la voie publique » et « conduite en état d’ébriété », a affirmé à l’AFP Ahmed Amine Chaabi, de la Ligue marocaine de défense des droits de l’Homme (LMDDH), qui s’était constituée partie civile. Le tribunal de Fqih Bensalah, une ville située à 200 km au sud de Rabat, a prononcé lundi des peines allant d’un an à trois ans de prison, selon la même source. Il a également ordonné leur expulsion de la ville une fois ces peines purgées, « conformément à l’article 41 de la loi pénale marocaine ». Ces six personnes avaient été arrêtées à la suite d’une plainte déposée par le père d’une d’elles. Il accusait les cinq autres « d’inciter » son fils « à avoir des comportements déviants », a indiqué M. Chaabi, confirmant une information du site H24info.

Au Maroc, l’article 489 du code pénal punit tout acte sexuel entre deux personnes de même sexe d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement. C’est donc la peine maximale qui a été requise et prononcée lors de ce procès.

Nous parlions ici la semaine derniére d’une campagne lancée par des membres de la société civile marocaine, journalistes, universitaires et militants pour dénoncer l’homophobie au Maroc.
Selon le site de l’hebdomadaire Tel Quel, une députée du parti islamiste Justice et développement (PJD, au gouvernement), Amina Maâ Al Aynin, a fustigé mardi la vidéo publiée dans le cadre de cette campagne « L’amour n’est pas un crime ». Intervenant au Parlement, elle a demandé au ministre des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, d’agir contre ces « discours qui portent atteinte à la foi musulmane, aux fondements religieux des Marocains et à la stabilité du pays ». « Ces messages qui font l’éloge de l’homosexualité ne nuisent pas seulement à notre référentiel musulman mais constituent une infraction à la loi », a-t-elle avancé, d’après la même source qui cite aussi la réaction de Nazha Bernoussi, chargée de projet au CNDH (Conseil national des droits de l’Homme) : «La polémique sur la question des homosexuels reflète la mentalité de la société marocaine». Nazha Bernoussi précise que la question de l’homosexualité «n’est pas primordiale pour le CNDH». Ce qui importe pour le moment pour l’instance officielle chargée du respect des droits humains, c’est la «non- stigmatisation des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) infectés par le VIH », assure-t-elle.