A travers l’art, faire changer le regard sur l’homosexualité

Untitled-Who-we-are-Andrew-EsieboLe Raw Material Company, un centre d’art situé à Dakar, présentera une exposition sur le thème de l’homosexualité dans le cadre de Dak’Art 2014, la 11e biennale d’art contemporain africain. « Precarious Imaging: Visibility and Media Surrounding African Queerness » (« Imagerie précaire : visibilité et média autour de l’homosexualité en Afrique ») sera présentée du 7 mai au 18 juillet 2014 et risque de soulever la controverse.

 

Ato Malinda, la commissaire de l’exposition, s’est confiée au journal The Art Newspaper, révélant que l’objectif de l’événement était d’attirer l’attention sur une minorité africaine persécutée et dont les médias renvoient sans cesse une image négative.

 

L’artiste sud-africaine Zanele Muholi présentera « Faces and Phases », une série de photographies de lesbiennes et transgenres noires sur laquelle elle travaille depuis 2007. L’artiste égypto-américaine Amanda Kerdahi exposera « 100 Conversations », une vidéo qui regroupe des interviews de femmes égyptiennes parlant de leurs vies sexuelles, cigarettes aux lèvres. Le photographe nigérien Andrew Esiebo exposera « Who we are », une série de photographies d’hommes homosexuels originaires de Lagos, l’ancienne capitale du Nigéria, où le président Goodluck Jonathan a récemment renforcé les lois anti gay, prolongeant à 14 ans de prison la peine maximum encourue pour comportement homosexuel.

 

Le lundi 24 février 2014, le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué une loi anti gay très violente, faisant de l’Ouganda le pays le plus sévère en matière de répression des homosexuels. Cette nouvelle loi prévoit l’emprisonnement à perpétuité pour le crime « d’homosexualité aggravée » (relation homosexuelle avec une personne atteinte du VIH), interdit toute forme de promotion de l’homosexualité, condamne toute aide apportée à un homosexuel et incite à la dénonciation. Si l’exposition s’était déroulée en Ouganda, ses organisateurs auraient alors pu être poursuivis pour « promotion de l’homosexualité ».

 

L’homosexualité n’est pas ouvertement prohibée dans la législation sénégalaise, mais l’article 319 du code pénal condamne « l’acte impudique ou contre-nature avec un individu de son sexe ». « L’acte contre nature n’étant pas défini par la loi, les juges ont la liberté de décider de ce qui tombe ou non dans cette catégorie », nous précise une juriste française ayant collaboré avec Amnesty International au Sénégal. En 2012, Tamsir Jupiter Ndyiae passait devant un tribunal au Sénégal pour avoir eu une relation homosexuelle suite à laquelle il avait poignardé son partenaire. A l’issu du procès, il a été condamné à 2 ans de prison : 1 an pour « acte contre nature » et 1 an pour l’agression à l’arme blanche sur le plaignant.

 

Malgré la pression d’une certaine institution académique qui souhaiterait voir l’exposition annulée, la commissaire Ato Malinda, qui n’a pas souhaité révéler le nom de l’institution, a déclaré qu’elle et ses artistes ne comptaient en aucun cas se censurer.

 

Source : artctualite.com