Pelo Malo – Derrière le cauchemar capilaire, l’histoire d’un petit garçon différent

pelo maloAvec «Pelo Malo», la cinéaste vénézuélienne Mariana Rondón stigmatise l’homophobie et l’intolérance tout en célébrant la différence.

Réalisatrice peu prolifique, Mariana Rondón n’en connaît pas moins un joli succès en Amérique latine. Cinq ans après la sortie de Cartes postales de Leningrad où des enfants s’inventent un monde pour se protéger des horreurs de la guerre, la cinéaste revient avec Pelo Malo, où elle raconte l’histoire d’un garçon de neuf ans.

Il s’appelle Junior, vit à Caracas avec sa mère et son petit frère de deux ans. Mignon, de constitution délicate, il est obnubilé par ses cheveux qu’il a frisés comme son père alors qu’il les aimerait tellement lisses comme ceux de Marta, sa jeune maman. Dans l’espoir de dompter cette toison rebelle qui lui pourrit l’existence, il s’enferme dans la salle de bains, passant des heures devant la glace à se coiffer et se recoiffer, allant jusqu’à enduire ses boucles épaisses de mayonnaise ou d’huile pour mieux les aplatir.

Ce comportement coquet déplaît fortement à Marta, qui y voit le signe d’une potentielle homosexualité. D’autant que Junior n’aime pas le sport, veut être chanteur, danse avec sa grand-mère qui lui apprend des chansons kitsch et joue à la poupée avec une copine acariâtre et peu gâtée par la nature, rejetée par les autres enfants. Il adore aussi regarder le concours de Miss Venezuela à la télévision et s’intéresse de trop près à un voisin plus âgé qui se balade en débardeur sous sa fenêtre.

Autant dire que le gamin, ne correspondant pas à la norme, a du mal à se couler dans le moule ardemment souhaité par sa mère. Ce qui provoque entre ces deux êtres des relations particulièrement conflictuelles. Certaine qu’il va souffrir dans une société dominée par la masculinité, Marta s’ouvre de ses angoisses à un médecin, usant par ailleurs de divers moyens pour essayer de viriliser son rejeton. Tandis que ce dernier, aspirant à un amour maternel qui lui est refusé, lutte pour assumer une différence qu’il ne fait que pressentir.

Les obsessions capillaires de Junior et ses petits travers servent naturellement de prétexte à la réalisatrice pour stigmatiser l’homophobie et l’intolérance. Mais elle s’y prend avec finesse, évoquant l’orientation sexuelle de Junior par petites touches, sans rien dramatiser, ni vouloir absolument illustrer son propos par l’image. Pas question non plus pour Mariana Rondón de tomber dans les bons sentiments ou la compassion. Certes bienveillante, elle peut aussi manifester une certaine dureté, sinon se montrer cruelle dans le dénouement d’un récit singulier aux personnages attachants et parfaitement interprétés. A commencer par Samuel Lange Zambrano (Junior) et Samantha Castillo (Marta). Ils contribuent largement à la réussite de ce film bien écrit, bien mis en scène, qui a reçu le Coquillage d’Or au Festival de San Sébastian.

L’avant-première genevoise en aura lieu, présence de Mariana Rondón (réalisatrice) et de Marité Ugas (productrice),  aux  Cinémas Les Scala, le mercredi 2 avril à 19h45

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