Le Kenia, un des seuls espoirs pour le développement des droits LGBT en Afrique

 

Des activistes gays kénians manifestent à Nairobi contre la loi anti-homosexualité ougandaise
Des activistes gays kénians manifestent à Nairobi contre la loi anti-homosexualité ougandaise

Alors que plusieurs pays d’Afrique comme le Nigeria et l’Ouganda viennent de durcir leur législation en criminalisant l’homosexualité et la punissant par de lourdes peines de prison, plusieurs événements montrent que le Kenya a aujourd’hui tendance à mieux accepter les minorités sexuelles, même si les LGBT font encore face à des difficultés. Dans un article intitulé Le Kenya pourrait être le seul pays mûr pour des avancées sur les droits des homos, le journaliste Jacob Kushner a montré les progrès opérés et les obstacles que rencontrent encore les personnes LGBT.

ESPOIR
Fin janvier
le coming-out de l’auteur kenyan Binyavanga Wainaina a permis de voir que vivre ouvertement son homosexualité est possible: «”A Nairobi, Binyavanga se balade librement et de façon décontractée, presque comme un héros, note Tom Odhiambo, un professeur de littérature à l’Université de Nairobi, et éditeur d’une nouvelle collection d’histoires par des LGBT kenyan.e.s. Il ne pourrait pas faire ça à Lagos au Nigeria.» Le journaliste rappelle aussi que depuis 2010 une nouvelle constitution garantit la protection de tou.t.e.s les citoyen.ne.s: «Des groupes juridiques disent que la justice du Kenya poursuit rarement les crimes homophobes, mais cela pourrait changer prochainement: en 2011 le nouveau président de la Cour suprême au Kenya, Dr Willy Mutunga, a appelé les droits des homos l’”autre frontière de la marginalisation” de la société kenyane, montrant qu’il pourrait mettre la pression pour décriminaliser les actes homosexuels.» Le code pénal prévoit en effet 14 ans de prison pour les hommes qui commettent des “actes d’indécence” avec d’autres hommes et pour toute personne qui agit “contre l’ordre naturel”.

L’ACCEPTATION EN AUGMENTATION
D’un point de vue social, l’homosexualité parait bien acceptée: il est possible d’ouvrir un établissement gay-friendly ou de mettre en place une organisation LGBT. Néanmoins, le degré de tolérance varie aussi en fonction de la région du pays.
La dernière étude du Pew Research Center montre que 8% de la population accepte l’homosexualité, ce qui constitue une augmentation depuis 2007, où ce chiffre atteignant 4%. Selon les militant.e.s, l’homophobie encore présente au Kenya provient de plusieurs facteurs: l’église anglicane, le silence du gouvernement à ce sujet, mais aussi les médias qui parlent de l’homosexualité comme d’une menace à coups de gros titres racoleurs.

LE COMING-OUT ENCORE DIFFICILE
Enfin, l’article de Jacob Kushner explique qu’il reste difficile de faire son coming-out, car le risque de subir des agressions ou du chantage existe bel et bien. «C’est plus facile pour certaines personnes de faire leur coming-out quand elles sont stables et indépendantes dans leur vie, explique Peter, un homme gay de 32 ans. Les gens qui ont été outés et qui n’étaient pas dans une situation stable, on a vu qu’ils étaient rejetés. Et leur famille pense qu’ils doivent souffrir jusqu’à ce qu’ils retrouvent le droit chemin. Une fois qu’on est out, on ne va plus être employé par une personne qui est au courant. Personne n’apporte de soutien moral.»