Les archevêques de York et de Canterbury, John Sentamu (gauche) et Justin Welby (droite) , le 20 novembre 2013, lors du Synode général de l'Eglise d'Angleterre. (Photo : AFP/Carl Court)
Les archevêques de York et de Canterbury, John Sentamu (gauche) et Justin Welby (droite) , le 20 novembre 2013, lors du Synode général de l’Eglise d’Angleterre. (Photo : AFP/Carl Court)

A la tête de l’Eglise anglicane depuis un peu moins d’un an, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, s’est envolé le 29 janvier pour un voyage de cinq jours à travers les pays majoritairement anglicans du continent africain. Le but de cette visite, qui doit le conduire au Sud-Soudan, au Rwanda, au Burundi et en République démocratique du Congo (RDC), consiste à  essayer de convaincre la hiérarchie religieuse de changer d’attitude vis à vis des homosexuels, de plus en plus fréquemment la cible ces dernières années en Afrique de législations agressives. Accompagné de l’archevêque de York, John Sentamu, lui-même né en Ouganda, le prélat a envoyé, en amont de sa visite, une lettre aux différents primats – chefs – des Eglises anglicanes locales. Dans cette missive, il les exhorte à « faire preuve de l’amour du Christ » envers les couples de même sexe.

Cette visite survient quelques jours seulement après que le président nigérian, Goodluck Jonathan, a promulgué une loi qui punit très sévèrement l’homosexualité. Ce texte rend passible de 14 ans de prison tout acte homosexuel, et prévoit même jusqu’à dix ans de prison pour toute démonstration publique d’affection. Il a été adopté avec le soutien d’une large part des chrétiens, qui représentent 40% des quelque 174 millions d’habitants de ce pays, le plus peuplé du continent noir. Un peu auparavant, le parlement de l’Ouganda, autre pays de la Communion anglicane, avait voté une loi qui durcissait les sanctions contre les homosexuels et même tout discours qui leur serait favorable. Le président ougandais Yoweri Museveni a cependant toujours refusé jusqu’ici de contresigner la loi.

Le primat anglican du Nigeria, le révérend Nicholas Okoh, fait partie des religieux africains les plus radicaux dans sa condamnation de l’homosexualité. Les évêques anglicans africains ont récemment et publiquement critiqué l’Eglise d’Angleterre à la suite de la publication du rapport Piling, dans lequel elle demande aux prêtres d’organiser des cérémonies spéciales en prévision de l’entrée en vigueur du mariage homosexuel en Grande-Bretagne. Les deux archevêques, de Canterbury et de York, ont joint à leur lettre aux primats africains un communiqué adopté par les chefs religieux anglicans en 2005 dans lequel ils qualifient d’« anathème » « la persécution et la dévaluation d’êtres humains que leur goût porte vers les personnes du même sexe qu’eux ».