Le sexe « Bareback » (pratique du sexe sans préservatif) a l’attrait de l’interdit pour les hommes gays

KPOTE BAREBACKDeux enquêtes qualitatives présentées à Paris le mois dernier pendant la 2ème conférence internationales des sciences sociales et humaines dans le domaine du VIH a exploré comment les hommes gays interprètent le terme de sexe « bareback », et ont trouvé des attitudes extrêmement polarisées dans la communauté gay.

Gabriel Girard, le chercheur, a interviewé 30 hommes gays en France, où le « bareback » a fait l’objet de débats intenses et de discorde.

Certains de ses participants se sentaient membres de la communauté gay et pensaient que les hommes qui pratiquent le bareback la menacent et devraient en être exclus. Un homme a dit que les hommes qui pratiquaient le bareback étaient « condamnés ». Ne pas utiliser de préservatifs délibérément suggère un manque de respect des hommes gays qui sont morts du SIDA dans les premières années de l’épidémie.

D’autres répondants avaient une opinion plus analytique du bareback et pouvaient l’expliquer en termes de psychologie, de facteurs contextuels ou de l’histoire de l’épidémie (par exemple l’arrivé de traitements anti-VIH efficaces). En outre, de nombreux répondants étaient critiques de la façon dont des pratiques sexuelles diverses, aux motivations divergentes, sont parfois décrites en public comme du « bareback ». Bien que certains des répondants aient des rapports sexuels anaux non protégés avec des partenaires occasionnels, aucun d’entre eux ne considère pratiquer le bareback.

Girard a déclaré que les débats sur le bareback doivent aller au delà de l’opposition entre l’individualisme et la communauté.

Dans une autre étude, Sharif Mowlabocus, un chercheur britannique, a demandé aux hommes gays ce qu’ils pensaient de la pornographie lorsque les préservatifs n’étaient pas utilisés et s’ils la considéraient comme du bareback.

Si la pornographie bareback est de toute évidence la pornographie dans laquelle les préservatifs ne sont pas utilisés, la recherche a trouvé que toutes les scènes sans préservatifs ne sont pas forcément considérées comme étant du bareback.

Lorsque les chercheurs ont décrit une scène dont les participants étaient deux jeunes minets ayant un rapport sexuel anal sans protection, les participants aux groupes de discussion ont refusé de reconnaître ce rapport comme étant du bareback. Parfois ils ont ignoré l’absence de préservatifs ou l’ont justifié.

Les scènes considérées comme du bareback étaient plutôt transgressives d’une façon ou d’une autre, souvent avec des participants ayant une différence d’âge, des origines ethniques différentes ou des scènes mettant l’accent sur la force et le contrôle.

De nombreuses personnes interrogées ont dit avoir aimé le porno bareback et l’avoir trouvé plus « chaud ». Plusieurs personnes interrogées ont dit que l’érotisme du bareback, outre son apparence plus authentique, dérivait du fait qu’il représentait quelque chose de tabou.

« J’ai découvert qu’il y avait des gens contre, parce que c’était dégradant et dangereux. Le côté pernicieux m’a attiré et j’ai commencé à l’acheter » a dit un des répondants.

Mowlabocus a déclaré qu’un processus paradoxal prenait forme chez les hommes gays selon lequel “les contraintes du VIH imposés sur la culture gay avaient été érotisées.

Ces études montrent qu’en diabolisant les rapports sexuels sans protection comme étant du bareback, les intervenants en prévention peuvent l’avoir érotisé sans le vouloir.