Desmond Tutu : « Je ne louerais pas un Dieu homophobe »

L’archevêque sud-africain noir, Desmond Tutu, héros de la lutte anti-apartheid et prix Nobel de la paix, a lancé vendredi avec l’ONU une campagne pour l’égalité des homosexuels en Afrique, affirmant que jamais il ne louerait un Dieu homophobe.

« Je refuserais d’aller dans un paradis homophobe. Non, je dirais, désolé merci, je préfèrerais cent fois aller ailleurs », a déclaré Desmond Tutu, lors du lancement au Cap d’une campagne du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme pour la défense de l’égalité des homosexuels.

« Je ne pourrais pas louer un Dieu homophobe, c’est ma conception profonde là-dessus », a-t-il ajouté, en condamnant toutes les justifications religieuses de la haine ou des préjugés colportés contre les homosexuels.

« Cette campagne me passionne tout comme je l’étais durant l’apartheid. Pour moi, c’est du même niveau », a dit l’archevêque honoraire, âgé de 81 ans.

Le Haut-Commissariat de l’Onu aux droits de l’Homme a dévoilé hier, vendredi 26 juillet, «Free & Equal» («Libres & Égaux»), sa première campagne mondiale pour le respect de l’égalité des personnes LGBT, au Cap, en présence de Desmond Tutu et du juge ouvertement homo et séropositif Edwin Cameron.

Au cœur du projet, qui se place dans le prolongement de la vidéo proposée pour la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie et du rapport publié en 2011, la nécessité de faire évoluer les législations d’un grand nombre de pays et l’éducation du public pour lutter contre l’homophobie et la transphobie. Soixante-seize pays – plus d’un tiers des pays du monde – criminalisent les relations homosexuelles, et ils sont plus nombreux encore à accepter les discriminations dans le monde du travail, l’éducation, la santé etc., rappelle l’Onu.

«La Déclaration universelle des droits de l’Homme promet un monde dans lequel chacun.e naît libre et égal en dignité et en droits – sans exception, sans exclusion, a rappelé dans son discours la Haut-Commissaire aux droits de l’Homme Navi Pillay. Et pourtant c’est une promesse vide pour des millions de personnes LGBT, confrontées quotidiennement à la haine, l’intolérance, la violence et les discriminations.»

La campagne vise à obtenir des réformes légales mais aussi à inciter à des efforts d’éducation publique contre l’homophobie, en faisant notamment un intense lobbying auprès des gouvernements.

« J’entends constamment des gouvernements me dire « mais cela fait partie de notre culture, de notre tradition et on ne peut pas changer ça« … On a beaucoup de travail à faire », a expliqué la haut commissaire.

Bouc-émissaires faciles dans des sociétés africaines promptes à dénoncer à tort des mœurs d’importation occidentale, et sous l’emprise croissante des fondamentalistes chrétiens ou musulmans, les homosexuels sont passibles des tribunaux dans 38 pays africains.

L’Afrique du Sud se distingue par sa Constitution qui garantit aux couples homosexuels exactement les mêmes droits qu’aux couples hétérosexuels pour le mariage ou l’adoption.

Mais de façon générale sur le continent, les manifestations d’homophobie atteignent « des niveaux dangereux », souligne Amnesty International dans un rapport paru mardi.