Le journaliste Glenn Greenwald, qui est à l’origine du scandale des écoutes menées par l’administration américaine, a expliqué que son homosexualité était à l’origine de son engagement. Comme l’a fait Bradley Manning.

Glenn Greenwald, c’est le journaliste dont tout le monde parle, en ce moment, aux États-Unis. À 46 ans, cet avocat devenu bloggeur indépendant, puis journaliste pour le site Salon, avant de rejoindre le quotidien The Guardian, s’est donné une mission : la protection de la vie privée.
Les révélations sur l’accès des agences de sécurité américaines aux relevés téléphoniques de millions d’Américains, c’est lui. Le dévoilement que la participation de Microsoft, Apple et Facebook à un vaste programme d’espionnage informatique mené pour le compte de l’administration Obama, c’est encore lui.
Il a entrepris de mettre au jour un appareil de surveillance d’État qu’il juge plus puissant que jamais. Pour lui, les explications de l’administration Obama qui défendent ces systèmes comme «un outil capital dans la protection de la Nation contre les menaces terroristes», sont anticonstitutionnelles. «Le gouvernement continue son orgie de poursuites contre les informateurs, et essaie de criminaliser les journalistes et de bâtir un réseau de surveillance massif qui détruit la vie privée», a-t-il écrit dans le quotidien britannique.

Glenn Greenwald est sur la sellette aux États-Unis. On l’accuse de faire de mettre en danger la sécurité du pays. Comme Bradley Manning, le soldat américain qui fait actuellement face à une cour martiale pour avoir divulgué des milliers de documents militaires et diplomatiques top secret à WikiLeaks. Et comme le soldat, Greenwald est gai. Il s’est marié avec son partenaire, Brésilien, et vit depuis sept ans à Rio de Janeiro au Brésil.

Récemment, Bradley Manning a expliqué que le traitement réservé aux homosexuels dans l’Armée lui avait ouvert les yeux sur les exactions commises par les forces américaines en Irak et en Afghanistan. Comme Manning – dont il est un ardent défenseur –, Greenwald indique que son homosexualité a joué un rôle dans sa croisade pour la protection de la sphère privée.

L’idée qu’être gai prédisposerait à la dénonciation des atteintes à la vie priée fait apparemment son chemin auprès d’un certain public. Ce qui a fait dire Andrew Belonski, dans une chronique paru sur le site du magazine OUT que «la question de la dénonciation ou des fuites n’est pas une question de secrets et de mensonges. Ce qui est en jeu, c’est la limite entre public et privé: des distinctions avec lesquelles les hommes gais ont toujours dû naviguer avec précaution.»

©Étienne Dutil  (Fugues)