VIH : Essai sur l’homme d’un candidat vaccin thérapeutique et préventif à Marseille

Les essais cliniques d’un vaccin curatif contre le sida vont commencer à Marseille auprès de 48 séropositifs volontaires, un nouvel espoir dans la lutte contre le virus même s’il faut rester «très prudent», a annoncé mardi le professeur Erwann Loret, à l’origine de l’expérimentation..

À Marseille, l’équipe du Dr Erwann Loiret (hôpital de la Conception) voit ses efforts récompensés. Après 15 années de travaux in vitro et in vivo sur l’animal, le lancement de l’essai clinique testant le vaccin curatif contre le VIH-1 sur l’homme s’est vue obtenir le feu vert de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament ce 24 janvier.

Le principe de ce vaccin préventif est de cibler les cellules qui produisent le virus et non pas d’éliminer les particules virales. Dans ce cas, il s’agit de la protéine Tat qui bloque l’immunité cellulaire. Le vaccin va donc cibler cette protéine. « Les antiviraux actuels ne permettent pas de guérir du SIDA ; le virus responsable de la maladie reste dans les cellules humaines. Plusieurs études montrent que la protéine virale Tat bloque les cellules « tueuses » du système immunitaire, empêchant celles-ci d’éliminer les cellules infectées » explique le Dr Erwann Loret. L’objectif de cette vaccination est de faire produire par le système immunitaire des anticorps capables de neutraliser la protéine Tat, qui bloque les cellules « tueuses » du système immunitaire, pour permettre ainsi aux cellules tueuses d’éliminer les cellules infectées.
En cas de succès ce vaccin pourrait être une approche thérapeutique prometteuse pour lutter contre le SIDA.

Quarante-huit patients séropositifs et sous trithérapie participeront à l’étude. Les essais commenceront dans quelques semaines, le temps de sélectionner les volontaires, de leur expliquer les risques de l’expérience et d’obtenir leur consentement éclairé.
Ils seront ensuite divisés en quatre groupes de 12: trois recevront les vaccins à des doses différentes, le quatrième un placebo. Le tout sera fait en «double aveugle», c’est-à-dire sans même que la responsable du protocole sache qui a reçu quel traitement. Les premières ébauches de résultats sont attendues d’ici cinq mois.
Les patients seront vaccinés trois fois, à un mois d’intervalle. Puis ils devront arrêter leur trithérapie pendant deux mois. Si au bout de ces deux mois, la virémie est nulle, soi si le virus est indétectable, alors l’étude remplira les critères établis par l’Onusida, précise le professeur Loret.
En cas de succès, la troisième phase de l’étude pourra commencer: élargir le nombre de personnes vaccinées pour arriver à un échantillon statistiquement significatif. Ce seront alors 80 personnes qui participeront aux tests, une moitié recevant le vaccin, l’autre un placebo. Il faudra donc encore plusieurs années pour savoir si ce vaccin constitue ou non une avancée.

La France est bien placée dans la recherche sur le SIDA.
En octobre dernier, une équipe française du CEA, de l’Université Paris-Sud et du CNRS publiait dans la revue PLoS Pathogens les résultats d’une étude préclinique montrant l’efficacité d’un gel microbicide capable de bloquer l’infection par le virus du SIDA, sur un modèle de primate.
Plus récemment, une équipe de l’Université Paris Descartes et de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a publié, dans la revue Cell Reports, ses recherches sur un candidat vaccin qui empêche la réplication du virus en supprimant l’activation des lymphocytes CD4 infectés par le VIS chez le macaque.

Source : Le quotidien du médecin