Aprés le vote historique du Grand Conseil, Jacqueline Roiz et Miguel Limpo réagissent dans Le Courrier

Jacqueline Roiz et Miguel Limpo, tous deux députés actifs sur les questions LGBT réagissent au vote quasi unanime du Grand Conseil.

La question ne fait plus débat à Genève, semble-t-il.

Miguel Limpo: C’est intéressant en soi. On est loin des «pacsés inféconds» que l’UDC avait osés sur une affiche il y a quelques années. C’est une bonne nouvelle.

Est-il possible d’obtenir une telle majorité à Berne?

Jacqueline Roiz: Une unanimité, sans doute pas. Mais des majorités, tout à fait. L’entrée en matière sur l’adoption des enfants par les conjoints d’un pacsé ne fait plus guère de remous à Berne, les mentalités évoluent.

Si les Chambres pénalisent effectivement l’homophobie, à quoi cela ouvre-t-il la porte?

M.L.: Tout d’abord, cela permettra aux associations de se porter parties civiles dans des affaires comme les affiches homophobes placardées en Valais par les Jeunes UDC, qui qualifiaient l’homosexualité de déviante. Il n’a pas été possible d’attaquer ces affiches pour des raisons de vide juridique.

J.R.: Au plan cantonal, cela donne une base légale et une légitimité à l’action de l’Etat pour mener des actions de prévention en la matière. Et plus une orientation sexuelle est stigmatisée, plus elle peut induire des comportements à risque, que ce soit en matière sexuelle ou  pour ce qui est de la consommation de l’alcool ou de drogues.

Quelles sont les priorités en matière de prévention qu’il faudrait mettre en avant?

J.R.: Au niveau de la scolarité, il faut systématiser la prévention. Les actions actuelles sont menées sur une base volontaire. Personnellement, je pense qu’il faut une approche spécifique en la matière, non intégrée dans l’éducation sexuelle. Les questions de genre relèvent d’abord des sentiments. Enfin, la question des personnes transgenres reste encore mal connue et mal appréhendée par l’institution scolaire.

M.L.: Je pense qu’il faut sortir de l’école. Les contrats de prestations passés avec les clubs sportifs devraient, par exemple, inclure des engagements pour lutter contre l’homphobie dans ces milieux volontiers machistes Et les entreprises devraient être davantage sensibilisées. L’Etat pourrait mener des actions d’information vers les directions des services en charge des ressources humaines.

Source : Le Courrier