USA : énormes différences de taux de mortalité liée au VIH aux États-Unis selon la race, le statut social et économique

Une nouvelle recherche américaine a révélé d’énormes différences de taux de mortalité due au VIH entre des patients selon leur race et leur  statut social et économique. Publiée dans l’édition en ligne des Archives de Médecine interne (Archives of Internal Medicine), l’étude a montré que les taux de mortalité sont particulièrement hauts parmi les patients noirs de statut social et économique inférieur.

« Le temps est venu pour un engagement majeur des ressources afin de résoudre ces disparités honteuses dans les résultats face au VIH aux États-Unis, » écrit le Dr William Cunningham de la Faculté de médecine UCLA dans son éditorial accompagnant l’étude, « il continue à y avoir des disparités importantes parmi des populations minoritaires aux États-Unis qui méritent une attention plus grande qu’elles n’ont reçue jusqu’à présent. »

Grâce à la disponibilité de thérapies antirétrovirales efficaces et tolérables, beaucoup de personnes avec le VIH ont maintenant un pronostic excellent. Mais tous les groupes aux USA n’ ont pas profité également des améliorations récentes du traitement et des soins contre le VIH. Chiffre très saisissant : le VIH est la neuvième cause la plus importante de mort parmi la population  noire, mais se classe seulement 24ème pour la population  blanche.

Une équipe d’enquêteurs américains a voulu déterminer l’effet de la race, du sexe et du statut social et économique sur des taux de mortalité due au VIH. Les taux de mortalité ont été analysés pendant la période 1993-95 (avant l’introduction de thérapie du VIH efficace) et 2005-07 (l’ère de la thérapie antirétrovirale moderne). Les données ont été obtenues auprès de 26 états pour des personnes âgées de 25 à 64 ans.

Les changements dans la mortalité entre les deux périodes ont été comparés selon le sexe, la race et le statut social et économique. Le dernier a été défini par le niveau éducatif atteint : du lycée (le moins instruit) à l’université (le plus instruit).

Un total de 91’307 morts liées au VIH ont été éligibles pour faire partie de l’étude.

La proportion de morts impliquant des patients blancs a baissé entre 1993 et 2007, tandis qu’au cours de la même période la proportion impliquant des patients noirs a augmenté. Indépendamment du sexe ou la race, la plupart des morts sont arrivées parmi les gens avec les niveaux éducatifs les plus bas  et cette proportion a augmenté au fil du temps. Néanmoins, il y avait des baisses significatives dans la mortalité liée au  VIH pour la plupart des groupes. La plus grande chute en valeur absolue a été notée chez les personnes noires  et hispaniques, mais seulement parce que ces groupes avaient des taux de mortalité plus hauts au départ.

Les baisses  dans la mortalité liée au VIH étaient les plus grandes parmi les personnes possédant les niveaux éducatifs les plus élevés :  93 % des hommes blancs et 88 % des femmes blanches. Cependant, les taux de mortalité étaient pratiquement inchangés pour les femmes noires les moins instruites  (1993-95, 29 par 100’000; 2005-07, 27 par 100’000). Entre 1993 et 2007, la disparité dans des taux de mortalité s’est élargie entre les hommes blancs les plus instruits et les hommes blancs et noirs moins instruits. Dans la période 2005-07 le taux de mortalité parmi les hommes blancs les plus instruits était de  2 pour  100’000 comparé à un taux de 53 pour 100’000 parmi les hommes noirs les moins instruits. La différence dans les taux de mortalité entre les femmes blanches les plus instruites et les femmes noires les moins instruites s’est accrue : elle est passée de 4 fois plus importante dans la période 1993-95 à 18 fois plus importante dans la période 2005-07.

Dans chaque catégorie éducative, le taux de mortalité sont restés significativement plus haut parmi des hommes noirs comparés aux hommes blancs. Parmi les hommes les plus instruits, les taux de mortalité parmi les hommes noirs était quatre fois plus haut que parmi les hommes blancs entre 1993-95, mais était neuf fois plus haut dans la période 2005-07. De façon saisissante, entre 2005-07, les taux de mortalité parmi les hommes noirs les plus instruits était trois fois plus haut que ceux vus parmi les hommes blancs les moins instruits (15 contre 5 par 100’000).

« Nous posons comme principe que les hommes noirs non-hispaniques et les femmes des minorités ethniques  … et  en particulier celles et ceux avec un statut social et économique bas, sont exceptionnellement vulnérables à une mortalité élevée liée au  VIH par suite d’une combinaison de  manque  de connaissance de la prévention du VIH, d’ignorance du statut sérologique personnel, de difficultés d’accès au système de soins, de stigmatisation  sociale et de marginalisation, » écrivent les auteurs. Ils affirment que leurs découvertes « suggèrent un besoin urgent d’interventions et de mises en place de ressources ciblées pour faciliter l’identification des individus à haut risque, ainsi que l’entrée et le maintien dans les systèmes de soin pour les groupes les plus vulnérables touchés par l’épidémie de VIH aux États-Unis ».

Traduction d’un article de Nam – Aidsmap